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C'est l'histoire
d'un mouleur

Marina Mankarios
Médiation complète

Faut-il revenir sur l’impact de l’art sur l’histoire du design ? Selon Bruno Munari « Il ne devrait pas y avoir d’art séparé de la vie, avec de belles choses à regarder et des choses hideuses à utiliser ». Ce n’est pas Raymond Loewy qui le contredira. Si le design et l’artisanat ont toujours emprunté aux arts de leurs temps des idées et concepts ce n’est pas un hasard. Ces trois disciplines évoluent en même temps que la société. Aussi, la morale et les valeurs de chaque époque s’y retrouvent cristallisées. Ainsi, il est aisé de comprendre le point de vue de Gaétano Pesce qui affirme que le design peut s’élever au-dessus de l’art dans le sens où celui-ci venait prendre place au cœur même des familles. 

 

L’art a lui aussi emprunté au design, depuis les ready made de Duchamp, le design a par le biais des arts été interrogé, parodié, critiqué témoignant de l’importance que la discipline a su conquérir dans notre société. 

 

Si le designer n’est ni un artisan, car il n’est pas nécessairement chargé de la production de sa création, ni ingénieur, ni artiste, car sa proposition sous-tend une fonction, son approche s’avère plus transversale. 

Selon Isamu Noguchi: « Tout est sculpture. Tout matériau, toute idée sans entraves née dans l’espace, je la considère sculpture », au vu de la carrière du créateur, nous mériterions de prendre le temps d’y réfléchir. L’idée, ici, n’est pas de dire que chaque pièce de design est une œuvre d’art en soi (d’ailleurs assez peu de pièces se retrouve véritablement à cette frontière), mais plutôt de s’extirper d’une hiérarchisation des arts et des métiers. Cette dernière représente selon nous une réflexion qui ne peut que s’appauvrir de l’entre-soi qu’elle suppose. 

 

Ce qui en revanche est important de souligner est la portée symbolique qui très souvent caractérise les grandes pièces de design. Ainsi, le design propose du sens en plus de la fonctionnalité qui la rattachait à l’industrie. 

 

« Si de tout temps les travaux des artistes et des designers se sont à certains moments rassemblés, ce n'est pas parce qu'ils se regardaient, mais qu'ils regardaient les mêmes choses. » Christine Colin

 

En somme, nous en venons à concevoir le design au sens large comme une multitude de pratiques dont certaines se rattachent plus volontiers à l’histoire de l’art, d’autres prennent plus soin de construire grâce aux apports de l’art. Le design s’est aussi servi de la référence à l’art, pour le pouvoir évocateur qu’il renvoie. Enfin, si l’on regarde dans l’autre sens l’art s’est aussi largement emparé du design comme thématique de projet, voire s’est directement servi du design pour développer d’autres sujets. 

Présentation complète du projet

Visage Floral / Vénus Fragmentée / Tétris / Fragment

 

Toutes uniques et réalisées en plâtre, les pièces de Marina Mankarios mettent en scène des modèles greco-romains de manière fragmentée ou déformée, et tendent à leur donner une expressivité nouvelle. Marina explore les possibilités du moule pour jouer avec notre perception et bouleverser notre lecture de ces formes iconiques.

C’est durant ses études que Marina Mankarios découvre le moulage statuaire, un ensemble de techniques dédiées à la reproduction de sculptures. De son côté, elle choisit d’utiliser le moule comme un outil de création libre et sensible, et d’en faire un réel levier créatif. Ses expérimentations la guident vers un ensemble de sculptures qui taquinent les canons de la sculpture gréco-romaine, par des jeux de déformations et de fragmentations. Passionnée de théâtre et de littérature du 20ème siècle, elle entretient ainsi une approche artistique fondée sur la réécriture des formes classiques et iconiques. Aujourd’hui ce travail l’amène mème à requestionner les limites de son art au travers d’objets tels que son «Visage floral»

Biographie 

C’est l’histoire d’un mouleur.

Condamné à reproduire incessamment
les sculptures qu’on lui impose, le mouleur s’ennuie. Un beau jour, il prend son moulage à deux mains et décide de se rebeller en faisant subir aux modèles gréco-romains toutes les tortures que son savoir faire lui permet. Hilare, riant aux éclats, le mouleur déforme, décale, mélange: alors qu’ Achille a l’estomac dans les talons, Morphée baisse les bras et la Belle Hélène se met à faire le poirier...

Désormais libre de sortir de son moule et de malmener ses modèles, notre mouleur devient enfin sculpteur.

En me racontant cette histoire, j’ai pu faire du moule un outil de création à part entière, tout en jouant avec les définitions du terme «reproduction». C’est ainsi qu’est né un ensemble de pièces qui taquinent les canons de la sculpture grecque.

Marina est une jeune plasticienne qui travaille entre Paris et Vernon en Normandie. C'est au cours de ses études, en DSAA métier d’art à l’Ensaama,à travers un mémoire de recherche intitulé «  Mouler n’est pas copier », qu'elle réussi le délicat tour de force de donner à son savoir faire une dimension artistique et sensible. 

Élément complémentaire

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