DEEP BLUE VASES
Arnaud Pfeffer
Médiation complète
De tout temps le design a évolué grâce aux révolutions technologiques qui l’ont précédé. La première révolution industrielle amenée par l’utilisation de la machine à vapeur et du charbon incarne les débuts du design (bien que définir l’origine du design soit une affaire de vision). Plus tard la seconde révolution industrielle déclenchée par l’utilisation du moteur à explosion, du gaz, de l’électricité et du pétrole, offrira elle aussi de nouvelles perspectives à la création.
Ces révolutions ne sont et ne seront pas les dernières, à l’image de l’arrivée du plastique dans la conception, plus tard de l’informatique et d’internet ou encore plus récemment des outils de conception et de production assistés par ordinateur.
Le fondateur de l’atelier de design numérique de l’ENSCI-Les Ateliers, Jean-Louis Frechin, souligne que le design a toujours fait le lien entre la technologie, le produit et ses usages.
Chaque technologie développée qu’elle se rapporte à un outil, une matière ou une technique, engendre un intérêt très fort pour sa dimension nouvelle. Elle représente pour les créateurs un champ nouveau de possibilités directes, voir indirectes en l’associant à des procédés, matériaux, concepts antérieurs. Ainsi, elles offrent de nouvelles possibilités pour repenser, imaginer ou concevoir autrement, des produits (bien évidemment, cette évolution ne s’applique pas au seul domaine du design mais bien à la discipline dans son ensemble).
Si l’histoire technologique a permis à de nombreuses avancées de voir le jour, certaines après avoir été prises d’assaut par la création tombent en désuétude (à l’image de l’Oled dans le design de luminaire) quand d’autres se voient transcendées par la multiplicité des propositions permettant son évolution. C’est le cas de l’impression 3D qui est en perpétuelle mutation. Ses possibilités techniques ne sont plus limitées au simple plastique extrudé, mais abordent aujourd’hui de multiples consommables, métal, céramique, culinaire, verre (développé par Neri Oxman et le Mediated Matter Group), mortier…
Cette médiation, vous le verrez, propose davantage une réflexion et des questionnements plutôt que de faire état de très nombreuses pièces de design à la dimension technologique novatrice certaine. L’objectif est donc plutôt de réfléchir à l’avenir des technologies actuelles et futures et de leur application en design.
Les enjeux outre le développement de ses technologies restent l’usage que l’on en fait et donc par essence, comment la création se l’est appropriée. Comment fait-on pour que la nature du projet reste la réflexion de design et non une simple exploitation de technique ? Cette technologie, doit-elle être indépendante ou incluse dans un scénario de production qui lui donnera une dimension nouvelle ? Quelle dimension sensible ou poétique cette nouvelle technologie peut revêtir ? Quel est son impact, social, environnemental, économique, politique… ? Dans quelle mesure peut-elle nourrir la production actuelle ?
Présentation complète du projet
Série de vases dessinés à l'aide d'un plotter. Je m'inspire de la technique d'impression 3D, appliquée à un robot 2D : chaque illustration est composée d'une ligne tournant autour d'un axe. L'ensemble de ces lignes crée un effet de volume et compose l'objet.
Biographie
Arnaud est ingénieur-designer. Sa pratique du dessin consiste à explorer le lien entre le physique et le digital. il travaille essentiellement avec des machines à dessiner, comme les plotters. Un plotter est un bras mécanisé sur lequel on fixe un outil graphique (stylo, crayon, pinceau, etc.) pour dessiner un tracé vectoriel.
Si le mouvement mécanique semble parfait, la trace laissée par les outils qu'il utilise ne l’est pas.
C’est cette confrontation qui l’intéresse : dans cette dualité, l’incertitude et l’imprévu sont d’autant plus visibles que la trace est déléguée à un mouvement d’une précision inhumaine. Pour entretenir cette résonance, il conçoit ses propres outils graphiques ainsi que des encres afin de pouvoir contrôler leurs paramètres tels que la viscosité, la pression ou la rugosité.
Ces dernières années, il a eu l’occasion de pouvoir expérimenter avec différentes machines de bureau. il a produit des dizaines d’œuvres et d’outils, toutes à l’échelle de la main. Il souhaiterait maintenant étendre sa pratique, en changeant de dimension. Il a comme projet de construire sa propre machine à l’échelle du corps cette fois. il y voit l’opportunité d’accentuer la dualité entre matière et numérique en donnant une nouvelle forme à l’inattendu : Quelle erreur pourra surgir à cette échelle ? Quel outil imaginer pour laisser une trace ? Quelle emprise porte la physicalité sur ces dimensions ?
La communauté des plotter artists est très active et bienveillante et l’a plusieurs fois mis en avant. Elle sera d’une grande aide dans cette nouvelle exploration. De nombreuses ressources documentaires existent pour construire ses propres machines et assister de tels projets.
Disposer d’un atelier lui permettrait de mener à bien ce projet. Avoir l’opportunité d’échanger avec un réseau étendu d’artistes lui permettrait également d’étendre sa pratique et d’explorer les synergies entre les différents outils graphiques.
Élément complémentaire
.